Pas de quoi crier "Au loup !"

par Annette Bruck

 

 

Ce jeudi 28 février 2013, je me suis rendue au Celtic Ireland de Liège en compagnie de mes amies Carine Brunelli (Wild Focus) et Sandra Angelini (Loups et Vie Sauvage) dans le but d’assister à la première d'un cycle de douze conférences de Bernard de Wetter sur le retour du loup en Belgique. Après voir payé un droit d’entrée de sept euros (toutes les conférences sur le loup auxquelles nous avons assisté jusque là étaient gratuites), nous nous sommes installées dans la salle minuscule et surchauffée où les chaises étaient alignées les unes contre les autres avec, devant nous, un conférencier qui n’arrivait pas à se faire entendre tant le bruit ambiant de la taverne était intense.

 

L'introduction sur les espèces disparues nous a paru interminable avant que Bernard de Wetter aborde enfin le thème de la soirée. A l'aide d'un matériel didactique rudimentaire et de quelques photos glanées ça et là sur divers sites Internet, il nous a alors décrit les mouvements migratoires au sein de l’Europe qui, selon lui, impliqueraient l'arrivée imminente voire déjà existante du canidé sauvage en Belgique. Ainsi, il a comparé les différents reliefs de notre pays avec ceux des pays européens où le loup est déjà présent et en a conclu que notre territoire était tout indiqué pour accueillir le prédateur. Ensuite, nous avons eu droit à un portrait très succinct de l'animal ainsi que des moyens permettant d'identifier d'éventuelles traces de son passage. Et bien sûr, il n’a pas manqué de nous rappeler la brève apparition d’un « loup » à Gedinne, filmé le 25 septembre 2011 par les caméras de la VRT et identifié comme étant un "canis lupus" par les experts de l'ONCFS. Nous avons également appris qu'une crotte avait été découverte à 5 km de l'endroit où le «loup»  a été aperçu et qu'elle avait été envoyée pour analyse à l'Université de Liège qui l'avait égarée. Travaillant moi-même avec la Faculté de Médecine Vétérinaire de l'Ulg dans le cadre d'un échange pédagogique concernant le loup et ses hybrides, j'ai été très surprise d'apprendre cette nouvelle...

 

Au terme d’un exposé d’environ deux heures dénué de véritable intérêt, mes amies et moi-même avons vu l’auditoire se lever et partir sans attendre. Ce n’est que sur l’insistance de quelques intrépides que Bernard de Wetter a accepté de poursuivre le débat quelques minutes, sans toutefois être capable de répondre aux questions les plus élémentaires posée sur le prédateur.

 

En conclusion : une conférence basée sur une rumeur, un conférencier qui ne maîtrise pas son sujet et un exposé parsemé d’erreurs qui ne nous ont pas convaincues du prochain retour du Grand Méchant Loup au Pays de la Frite.

 

 

Parmi les erreurs relevées :

 

« Il n’y a aucun cas de prédation de loups sur des humains recensé depuis 1950 »

Les rapports MacNay (2000) et Linnel (2002) font état de plus de 350 cas de prédations à travers le monde au cours du 20ème siècle.

 

« Le loup italien et le loup polonais appartiennent à la même sous-espèce »

Le loup italien est le Canis Lupus Italicus, tandis que le loup polonais est le Canis Lupus Lupus.

 

« La faculté d’adaptation du loup est si grande qu’on a retrouvé un cadavre dont l’autopsie a révélé qu’il se nourrissait de raisins »

Le raisin contient une toxine néphro-toxique extrèmement dangereuse pour tous les canidés et c’est probablement l’ingestion d'une grande quantité de ce fruit qui a causé la mort de ce pauvre loup.

 

« Il est impossible de se procurer des louveteaux à l’état sauvage et de les relâcher ensuite dans la nature.»

Depuis une vingtaine d’années, le biologiste Vladimir Bologov récupère des louveteaux sauvages orphelins qu’il élève pendant un an pour les réintroduire ensuite dans leur milieu naturel.

 

« Les crottes de loup sont reconnaissables parce qu'elles sont constituées de poils »

En dehors des mammifères qu'il prédate, le loup se nourrit également de poissons, parfois d'oiseaux, et de baies sauvages auxquels cas, ses fèces ne contiennent pas de poil. 

 

Et pour terminer... 

« J’ignore s’il est vrai que le loup aspire l’eau. Il faudrait demander à un spécialiste. »

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